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Masses Spatiales

les instruments La forme

 

C'est certainement l'aspect le plus difficile à appréhender, car il est tributaire des autre critères du son, de la place de l'auditeur, et nécessite de pouvoir "manipuler" des masses multiphoniques, chose encore mal aisée il n'y a pas si longtemps.

On peut définir la forme comme la manière dont sont géométriquement répartis les différents canaux sur les points de projection du dispositif.
L'attribut de forme apparait lorsque la masse-canal est supérieure ou égale à 3, et nécessite pour être perçu des valeurs particulières des autres attributs, notamment de l'organisation.

 

La perception et la représentation mentale de la forme de la masse spatiale dépend principalement :
- des caractéristiques de son organisation : une masse composée d'une trame lisse et statique sera bien plus difficile à décrypter spatialement que si elle résulte de grains animés. Si l'organisation est homogène la forme n'est pas ou peu perceptible et s'assimile à la densité ;
- des variations de ses attributs : une simple animation de la densité peut suffire à révéler les points qui constituent la forme ;
- si l'auditeur se trouve à l'intérieur ou à l'extérieur de l'aire (c'est la même chose pour volume visuel matériel, sculpture, architecture...) ;
- de la complexité spatiale de cette forme et de sa résolution ;
- de la durée pendant laquelle elle reste à peu près stable, l'analyse auditive de la forme nécessite une "durée d'exposition" assez importante ;
- si l'auditeur est statique ou mobile, auquel cas ses déplacements favorisent la perception "volumique" de la figure sonore, à condition qu'elle dure également suffisament longtemps...

Sur les trois schémas ci-contre, on peut voir trois objets de masse-canal égale à 6, dont la forme est différente. L'aire l'est également, mais ce n'est certainement pas l'aspect dominant, et la place de l'auditeur et son éventuelle mobilité sont déterminants pour l'appréciation de la forme.

Si la latéralisation du site de l'objet en rouge peut être à peu près également perçue selon les points d'observation, son aire et sa forme "en V" ne pourront être véritablement appréciées que si l'auditeur se situe à gauche ("au-dessous" de l'objet) ou à droite ("en face") de la vue.

Pour l'objet en vert, la partie de la masse projetée par l'enceinte en haut au centre risque de ne pas être perçues si l'auditeur se situe au-dessous mais uniquement s'il se situe à une extrémité du lieu. L'aspect assez compact de l'aire rend la perception de la forme assez difficile, à moins que l'organisation ne la favorise spécialement.

Compte tenu de son aire et de l'aspect symétrique de sa forme, l'objet en bleu sera à peu près correctement perçu dans tous les cas. La distance qui existe entre les points qui constituent sa masse peut aider à sa caractérisation.

J'ai donné précédemment des exemples de masses spatiales à trois dimensions, est-ce que cela veut dire que la forme n'est pas possible sur deux dimensions uniquement ? Est-ce un attribut de masse spatiale qui ne peut être utilisé que dans des installations où l'auditeur peut se déplacer ?
Compte tenu de mon expérience, et en dehors de formes extrêmement simples, je ne suis pas loin de le penser, tout du moins avec les dispositions de concert qui sont généralement utilisées. La formule-séance peut permettre à ce niveau là un enrichissement des dispositifs important.

 

 

 

 Formes
 archétypales ?

Puisque l'attribut de forme fait référence à la possibilité de pouvoir, dans certains cas, se représenter mentalement la "géométrie" de la masse spatiale, il convient de se poser la question de l'identification de certaines formes, du sens et de la valeur éventuelle qui peuvent y être attachés.

Il semble exister dans nos schémas mentaux des archétypes de formes qui soient indépendants du type de perception concerné, qu'il s'agisse de la vision, du toucher, de la perception du corps dans l'espace qui l'entoure... et de l'audition.
Ces formes peuvent se rapporter à des figures géométriques simples comme l'inévitable cercle, ou des modèles naturels comme la ramification.
Dans une œuvre intitulée "Formes et Couleurs de la Vie" (une installation en seize canaux sur trois dimensions datant de 1994), j'ai essayé de façonner de tels objets, dont certains représentent des formes simples comme les rayons, la spirale ou l'arborescence (voir les comptes rendus d'écoute dans le Mémoire de Maîtrise de Sandrine Lopez).

Au-delà de savoir si la forme est perçue et "correctement" représentée mentalement, on peut se demander si le fait de "reconnaître" une spirale ou un carré apporte une valeur particulière à l'objet et à la composition ?
Pouvoir éventuellement identifier des formes particulières ne signifie en aucun cas qu'elles soient "meilleures" que des formes "quelconques", ni que le fait de les donner à entendre produise une œuvre plus intéressante. Il s'agit, peut-être, de cas particuliers perceptifs comme l'est un accord parfait par rapport à un "son de gong"... Mais on sait aussi qu'un accord parfait dans une œuvre acousmatique, quels que soient les autres caractéristiques de l'objet saute à l'oreille comme un furoncle sur le nez de la Joconde !
La forme pourrait-elle jouer le rôle de "points de repères" cognitifs ?
Compte tenu de sa fragilité j'en doute un peu. Les profils de masse semblent beucoup plus aptes à assumer ce rôle de "figures".

En tout cas, qu'il s'agisse de formes-archétypes ou juste de formes mémorisables et reconnaissables, pour qu'elle puisse être identifiée en tant que telle, donc mémorisée et comparée, il faut qu'elle obéisse à trois contraintes : la simplicité, la symétrie et l'unicité.
La simplicité parce que la perception de la forme fait appel à des particularités très fines de l'écoute binaurale, et qu'elle est très influençable par la nature de l'espace extrinsèque et de la vision. Seules les formes les plus simples peuvent résister à ces influences.
La symétrie, ou plutôt un certain degré de symétrie, parce qu'elle facilite l'identification des formes et qu'elle semble correspondre à une recherche d'ordre de la part de notre cerveau...
L'unicité enfin, parce que dans le domaine spatial le brouillage dû à la confrontation avec d'autres objets sonores intervient très rapidement, surtout si leurs attributs de masse spatiale sont proches. Or la forme est l'attribut le plus fragile de la masse spatiale et le premier qui risque d'être masqué par d'autres objets.