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E S P A C E S . . .

Les Empreintes Spatiales

 

Contrairement aux masses spatiales qui sont entièrement dépendantes du dispositif de projection, les empreintes spatiales représentent un aspect perceptif de la masse spectrale, tout comme les notions de "hauteur" ou de "timbre". Elles représentent un ensemble d'indices que le système nerveux analyse en fonction des références mémorisées et de la culture de l'individu.

La relative indépendance de ce critère vis à vis de la position des haut-parleurs en rend la manipulation facile (capture, reproduction, traitements...), mais l'image d'espace est néanmoins longtemps restée assujettie aux autres critères sonores, ou a été assimilée à la problématique de la localisation auditive.

 

 L'empreinte et
 les acousmates

Compte tenu de la portion congrue que peut occuper la masse spatiale en stéréophonie (et qui peut même se confondre avec le dispositif de projection en monophonie), l'empreinte spatiale a longtemps été le seul critère d'espace pouvant être investi de sens compositionnel, à tel point que le terme même "d'espace sonore" se confond souvent, dans le discours et l'imaginaire des compositeurs, avec les idées de "profondeur" ou de "largeur".

Par contre, chez ceux pour qui l'espace sonore est synonyme de cinétisme, la notion d'image d'espace est soit absente, soit est conçue comme un moyen de simuler la distance de production ou de projection, selon la valeur que peut avoir le son dans la composition et la nature de l'œuvre (acousmatique, "mixte", instrumentale...).
[ Cette conception, même si elle "fonctionne", relève à mon sens d'une faiblesse de réflexion et d'audition car elle ne reconnait pas le caractère . Ellet pose par ailleurs de nombreux problème du fait qu'elle est à la fois tributaire de la dissociation induite par la présence du haut-parleur et fonctionne finalement par "bidouille" sans en assumer toutes les conséquences (et sans le reconnaître !).
Actuellement, seules les techniques de projection simulées, et notamment la WFS, proposent un système cohérent qui contourne cette dissociation et permet ainsi, en quelque sorte, d'unifier la perception angulaire et la représentation de la distance à travers la modélisation acoustique.
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les centres qui sont actifs dans cette recherche sont également ceux chez qui les images d'espace étaient cantonnées à cette pseudo simulation de distance.]
Dans cette conception où c'est un certain type de mouvement qui prime, il est logique que certains attributs de masse spatiale, principalement le site, aient été beaucoup plus employés dans le domaine des musiques à tendance instrumentale (Stockhausen, Kupper, nombreuses œuvres quadriphonique "en carré" dans les années 70, le fameux "Dialogue de l'ombre double" de Boulez...) qu'en acousmatique, où le problème de composer des œuvres pour la projection publique a été assez vite "résolu", mais aussi évacué, par la pratique de la stéréophonie interprétée.

Il pourrait donc être tentant d'associer le critère de masse spatiale à l'espace extrinsèque interprété, et celui d'empreinte spatiale à l'espace intrinsèque composé. Cette assimilation a effectivement souvent été faite...

Masses et empreintes spatiales ne s'opposent pas mais se complètent et le plus souvent se combinent, comme la hauteur avec le timbre. Reconnaître qu'il s'agit de deux critères possédant chacun leur champ d'application permet d'approfondir

 

 

 

 Empreintes
 "naturelles" et
 synthétiques

Même s'il existe aujourd'hui des outils capables "d'extraire" certains sons simples de leur environnement acoustique par "déconvolution" (voir par exemple cet article), on ne peut pas encore "voir" l'image de distance sur un sonagramme comme on peut y lire si la masse spectrale est tonique, bruitée etc.

La manière la plus simple d'obtenir des empreintes spatiales consiste à placer un ou plusieurs microphones et à enregistrer...
En effet, en dehors du cas très particulier des chambres anéchoïques recouvertes de matériau absorbant supprimant toute influence acoustique du lieu, ou du cas beaucoup plus commun de la capture du jeu avec des corps sonores où les micros sont placés extrêmement près de la source sonore (et dans une cabine insonorisée...), sans oublier bien sûr l'utilisation de micros de contact, le milieu de transmission des ondes acoustiques imprime presque toujours sa trace dans la matière du son.
Le "tournage sonore", pour reprendre le terme introduit par Michel Chion, consiste entre autres choses à façonner l'image spatiale capturée par le choix des microphones et de leur emplacement, ou même de leur déplacement. La valeur de cet espace est bien entendu variable selon le propos artistique et l'utilisation qui en sera faite ensuite.
Mais on verra que la notion d'empreinte spatiale peut à mon sens dépasser le domaine de la transmission acoustique pour intégrer des espaces peut être encore plus imaginaires, comme celui issu du haut-parleur d'un combiné téléphonique ou même du pleurage d'un disque vinyl...
Les empreintes spatiales capturées possèdent souvent des "sens" qui débordent largement la notion commune "d'espace".

À ces empreintes "naturelles", obtenues artificiellement ne l'oublions pas (quoi de "naturel" dans une capture microphonique ?), on a l'habitude d'opposer ou d'associer celles que l'on peut générer et appliquer à l'aide d'outils dédiés (voir les traitements) ou que certaines transformations font surgir plus ou moins involontairement, comme par exemple la translation de masse spectrale - la transposition -.
Les simulations d'espaces acoustiques peuvent emprunter des voies mécaniques (réverbérations à ressort, à plaques...) et dans ce cas rejoindre les empreintes spatiales microphoniques (je me souviens d'une séquence jeu effectuée en bousculant un peu la caisse d'un réverbération à plaque, hmmmm, dire que j'ai perdu l'enregistrement...), mais aujourd'hui c'est évidemment dans l'électronique et le numérique que prolifère ce type d'outils. Et il faut reconnaître que c'est assez joyeux, surtout lorsque les empreintes acoustiques se joignent à ces traitements "artificels" (convolution).

Qu'elles soient embarquées avec les autres aspect du son lors de captures microphoniques ou qu'elles résultent de l'utilisation d'outils ou de transformations électroniques, les empreintes spatiales sont précieuses en elles-mêmes mais aussi parce qu'elles constituent un pont ambigü -donc intéressant- entre les critères de masse spatiale et de masse spectrale.