|
||
|
||
|
||
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Le son fixé | Le son réduit | Critères ou paramètres | Les deux critères
Au sein de l'espace composé - l'espace
intrinsèque -, l'acousmate joue d'une manière complexe avec les deux espaces
du son. C'est au minimum des traces, des indices que l'auditeur peut se représenter
comme des images d'espaces, c'est aussi des choix de projection, pouvant être
plus ou moins riches et inventifs en fonction du nombre de projecteurs dont
il dispose et du choix de leur emplacement.
|
À partir du moment ou il est possible de répéter "un
son" à l'identique, par quelque moyen de fixation que ce soit, «
il devient un objet externe
qui possède sa propre réalité spatio-temporelle », il est possible
de pratiquer sur lui l'exercice de "l'écoute réduite"
et de l'intégrer dans une démarche de composition dans laquelle
cette fixation constitue à la fois le moyen et la finalité. Ayant été formé à "l'école mixte" Schaeffer / Reibel
par l'enseignement de Denis Dufour - la notion d'objet sonore, la
séquence-jeu et la pratique
de l'écoute réduite -, et étant naturellement enclin à une certaine exigeance
de pensée, l'analyse à la fois perceptive et pragmatique de ce que je faisais
m'a conduit à considérer les objets que je façonnais comme des entités, des
"touts" dont l'espace que je donnais à entendre n'était pas exclu. |
|
|
||
|
Une autre approche, issue de la représentation
symbolique du geste instrumental - nécessaire si l'on recherche
la ré-exécution de compositions musicales -, consiste à réduire
les aspects du sonore à des paramètres pouvant s'intégrer
dans des échelles linéaires et facilement donner lieu à des représentations
visuelles. |
|
|
||
|
L'approche paramétrique telle que décrite précédemment peut être efficace dans le cadre qui est le sien : permettre à un musicien d'effectuer des actions sur un instrument qui génère ou traite des sons. Mais elle a également montré son impuissance à rendre compte de la réalité sonore. On sait en effet depuis Schaeffer que la paramétrisation du son en hauteur, timbre et intensité ne coïncide partiellement avec les sons que lorsque ceux-ci sont réduits à des espèces très simples ou lorsqu'on laisse leur complexité en dehors de la sphère compositionnelle, comme une décoration qui apporte un surcroit d'intérêt perceptif mais qui ne participe pas à l'écriture de l'œuvre. Aborder la complexité des espaces sonores au moyen du système de critères Schaefferiens apporte au contraire un ensemble d'outils conceptuels basés avant tout sur l'écoute, seule méthode qui s'accorde à mon sens avec les ambiguïtés spatiales, et permettent d'éviter un bon nombre de pièges et de confusions... Malheureusement, le domaine est complexe et subtile,
et les catégorisations que j'ai été amené à faire peuvent paraître,
au minimum, discutables. |
|
|
||
|
Je propose de nommer Empreintes
Spatiales les informations spectrales perçues comme images
d'espaces, pouvant éventuellement être produites avec un seul haut-parleur,
et Masses
Spatiales les informations constituées par les rapports
des signaux répartis sur plusieurs canaux et projetés avec
au moins deux haut-parleurs. La dissociation entre masses et empreintes peut paraître "gênante"
: elle ne correspond pas à la réalité acoustique "naturelle"
(point de vue du son, voir les applications) et oblige à intégrer d'une
manière ou d'une autre des informations qui sont externes
au support (la méthode de projection et surtout le dispositif de projection). Que la masse spatiale ait
été absente du solfège de l'objet sonore n'est pas étonnant, compte
tenu de la quasi impossibilité à l'époque de capturer, fixer et
reproduire plus de deux canaux.
|
|
|
|
|
Note s : |
*
Les sept critères morphologiques de l'Objet Sonore définis par Schaeffer
sont : la masse, le timbre harmonique, la dynamique, le grain, l'allure,
le profil mélodique et le profil de masse. Le danger de cette référence à la terminologie Schaefferienne peut être de sembler mal interpréter les définitions "originales", d'autant que mon approche n'est pas délimitée à la notion initiale de l'Objet Sonore mais à une conception étendue qu'on pourrait appeler "objet compositionnel". Mais le Traité lui même, s'il reste l'ouvrage de référence, comporte de nombreuses notions "risquées" et n'est pas exempt d'incohérences. Je ne saurais trop conseiller au lecteur de lire ou relire le "Guides des Objets Sonores" de Michel Chion et bien sûr le "Traité des Objets Musicaux", ne serait-ce que pour prendre la mesure des différences... Les références aux travaux de Schaeffer que l'on peut trouver tout au long de ces pages concernent plus la démarche et la méthode que la classification du Traité proprement dite, et je rappelle encore une fois que les propositions de ces pages sont loin d'être figées et sont amenées à évoluer, à se préciser, et qu'elles constituent avant tout des outils d'investigation pour la "révélation" de zones sonores longtemps laissées dans l'obscurité. La discussion est ouverte. ** Je rappelle que la projection par haut-parleurs n'a rien de "naturel" : tout comme la fixation sur support délimite un avant et un après du temps, le haut-parleur délimite un "en-deçà" et un "au-delà" de l'espace. En multiphonie (telle que définie sur ce site), cet "en-deçà" et cet "au-delà" contribuent tous deux à former l'espace de l'objet sonore, chacun étant responsable d'un de ses aspects complémentaires. |