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Objets entendus | Descriptions | Espaces autonomes | Masses-empreintes
Est-ce que les critères de masse spatiale et d'empreinte
spatiale peuvent avoir un sens en dehors de la composition et de la projection
acousmatique en projection directe ?
Est-ce
qu'ils peuvent s'appliquer à d'autres techniques de création d'espaces à partir
de haut-parleurs ?
Est-ce que leur définition apporte quelque chose à ce
que pourraient être des "critères d'espace entendu" pouvant s'intégrer
dans les espaces mentaux et faisant totalement
abstraction des moyens de leur production, transmission et projection
?
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Une "théorie unifiée de l'espace sonore" me semble aujourd'hui
impossible à défaut d'être impensable, en tout cas si elle tient compte de la multiplicité de la réalité
sonore, perceptive et artistique. Une relative "faiblesse" des deux critères d'espace que je propose dans ces pages, masses et empreintes spatiales, peut provenir de ce que contrairement aux autres critères sonores décris par Schaeffer ou ceux restant encore à définir (critère d'images ?), ils ne peuvent pas s'incrire dans l'écoute seule, mais doivent intégrer en partie les circonstances de la production nécessaire à cette écoute, le rôle du haut-parleur ne peut être négligé. Mais si l'on ne s'intéresse qu'au son perçu, en enfermant dans une "boîte noire conceptuelle" tout ce qui a trait au support et au dispositif de projection, peut-on appliquer quand même les notions de masse et d'empreintes spatiales pour décrire ce qui est entendu ou faut-il alors définir de nouvelles catégories de critères ? En ce qui concerne les empreintes
spatiales, il semble indéniable qu'elles représentent bien une
catégorie de perception et de représentation particulière et forte.
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Je suis actuellement dans mon "bureau". De temps à autres, des phénomènes ponctuels se
superposent à cette masse sur le plan spectral, et en sont plus
ou moins détachés sur le plan spatial : En ce qui concerne leur positionnement sur mon écran sphérique mental, les pointillés sonores produits par les mésanges se placent apparement n'importe où, comme quelques étoiles filantes qui éclosent dans un ciel nocturne d'août, sans corrélation apparente avec l'endroit où ils sont vraissemblablement produits ni avec l'ouverture du vasistas. Il y a un paradoxe entre le site spectral de chacun qui est très précis et qui me fait représenter ces sons sous la forme de points, et leur site spatial que j'ai beaucoup de mal à localiser si je fais l'effort de me concentrer sur ce critère : dans ma représentation spatiale mentale le critère de masse spectrale est ici largement prédominant sur celui de masse spatiale. Les cris des oies se placent par contre assez
précisément au sein de la masse
floue du ruisseau, avec un site à dix heures (alors que je sais pertinemment qu'elles se trouvent
à ma droite), comme des pépites de chocolat sur un cookie. Une réverbération
importante les entoure les situant dans un lointain hypothétique,
comme un lieu dans un lieu. À ces objets lointains, se superposent quelques objet au contraire très proches, notamment les petits évènements causés par les touches de mon ordinateur portable. Dans ce crépitement irrégulier qui se place sous mon nez, je peux sans peine déceler des différences de site de l'odre de quelques degrés sur le plan horizontal (lorsque je ferme les yeux pour les situer je me retrouve évidemment avec quelques lignes que je dois ensuite effacer...). De même pour les quelques clics de ma souris, encore plus précis où je peux même apprécier la légère différence de position du site dans le plan vertical (elle est situé un peu plus bas que le clavier). Si je tape vite (n'importe quoi !), l'ensemble des petits évènements générés par le clavier devient un phénomène global itératif qui se projète sous la forme d'un nuage de points à l'aire concentrée mais où les micro évènements qui constituent son organisation son bien perceptibles. Le dernier objet qui s'inscrit dans ma sphère auditive est assez rare car son origine est constituée par les grincements du dossier de ma chaise de bureau. Comme je suis assez concentré à tapper ce texte je bouge assez peu, d'où la rareté des grincements. Mais bon, pour le bien de l'expérience et de mon dos je remue un peu de temps en temps, ce qui fait apparaître des petites virgules sonores aux itérations serrées, extrêment précises dans leur contour comme dans leur position spatiale : un site quelque part juste en-dessous de moi, très proche, à l'aire très étroites. Que retirer de cette tentative de description
des images mentales spatiales "naturelles" ? |
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La relative indépendance entre le nombre et la position des enceintes et les masses spatiales perçues en Wave Field Synthesis ou encore la possibilité d'effectuer le rendu d'un espace fixé par des dispositifs comportant un nombre de canaux différents en Ambisonic laisse penser qu'il est possible de réaliser des "espaces autonomes" qui puissent être conçus indépendants de la disposition des projecteurs sonores. Ceci représente pour beaucoup le saint Graal de la spatialisation puisqu'il permettrait de s'affranchir de la contrainte que semble présenter la multitude des dispositions de projecteurs possible, et peut être surtout rendrait enfin l'espace librement quantifiable... Cependant, lorsqu'on lit la littérature consacrée
à ce sujet (par exemple ceci
et celà
sur le site de Jérôme
Daniel) il n'y est jamais question d'objets sonores mais
de sources sonores. La distinction est d'importance, car
cette conception est effectivement prévue pour fonctionner avec des
sources ponctuelles telles que l'on peut les avoir avec des instruments
de musique, ou des champs diffus telles les "ambiances"
acoustiques capturées lors de prises de sons microphoniques ou synthétisées. Mais dans de nombreuses circonstances - jeux vidéo, surround domestique ou cinéma, installations immersives, concerts de musiques "mixtes" - lorsque l'espace composé est considéré comme une sphère centrée sur l'auditeur, cette approche est effectivement cohérente. |
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Dans tous ces cas, écoute "naturelle"
(sans haut-parleurs), projection simulées et descriptions
spatiales paramétrables, la distinction entre masses spatiales
et empreintes spatiales peut éventuellement être remplacée
par un critère unique de "masse-empreinte". Sur le plan pratique et compositionnel, je ne suis par contre pas sûr que cette apparente "réunification" de la masse et de l'empreinte soit très bénéfique. Elle risque en effet de rendre l'utilisation des images d'espaces problématique, car celles-ci interfèrent fortement avec les calculs opérés sur le signal en WFS. À développer... |