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Les Quatre Espaces

les instruments Des masses-empreintes ?

Objets entendus | Descriptions | Espaces autonomes | Masses-empreintes

Est-ce que les critères de masse spatiale et d'empreinte spatiale peuvent avoir un sens en dehors de la composition et de la projection acousmatique en projection directe ?
Est-ce qu'ils peuvent s'appliquer à d'autres techniques de création d'espaces à partir de haut-parleurs ?
Est-ce que leur définition apporte quelque chose à ce que pourraient être des "critères d'espace entendu" pouvant s'intégrer dans les espaces mentaux et faisant totalement abstraction des moyens de leur production, transmission et projection ?

Page en cours de rédaction  
 

 Objets entendus

Une "théorie unifiée de l'espace sonore" me semble aujourd'hui impossible à défaut d'être impensable, en tout cas si elle tient compte de la multiplicité de la réalité sonore, perceptive et artistique.

Ce que m'ont apprises les années passées à jouer avec le son dans toutes ses dimensions, c'est en effet qu'il s'agit d'un domaine où l'hétérogénéité est la règle, où le sens peut se trouver partout, où le son est fatalement "impure" car dépendant de la manière dont il est projeté et des conditions de son écoute.

Une relative "faiblesse" des deux critères d'espace que je propose dans ces pages, masses et empreintes spatiales, peut provenir de ce que contrairement aux autres critères sonores décris par Schaeffer ou ceux restant encore à définir (critère d'images ?), ils ne peuvent pas s'incrire dans l'écoute seule, mais doivent intégrer en partie les circonstances de la production nécessaire à cette écoute, le rôle du haut-parleur ne peut être négligé.

Mais si l'on ne s'intéresse qu'au son perçu, en enfermant dans une "boîte noire conceptuelle" tout ce qui a trait au support et au dispositif de projection, peut-on appliquer quand même les notions de masse et d'empreintes spatiales pour décrire ce qui est entendu ou faut-il alors définir de nouvelles catégories de critères ?

En ce qui concerne les empreintes spatiales, il semble indéniable qu'elles représentent bien une catégorie de perception et de représentation particulière et forte.
Mais c'est malgré tout une catégorie aux contours très flous, avec une extrémité qu'on pourrait qualifier "d'acoustique" - l'interprétation par le cerveau de la distance d'une source sonore - et une autre qui se confond avec les "images de causalité", indices de l'origine matérielle de l'objet sonore, réels ou supposés, pouvant dans certains cas aboutir à des représentations mentales "visuelles" de la cause présumée.
En ce qui concerne le critère de masse spatiale, il faut évidemment renoncer à certains attributs comme la densité, la résolution ou même la forme, qui sont directement liés à la masse-canal, mais le site et l'aire semblent être des notions suffisamment générales pour pouvoir s'appliquer également dans ce cas.

 

 

 Tentative de
 décryptage

Je suis actuellement dans mon "bureau".
L'élément quantitativement le plus important dans la sphère de ma perception auditive est constitué par une masse spectrale constante, dont l'origine est le ruisseau grossi par les pluies récentes qui coule à une trentaine de mètres, dont je perçois le son par l'ouverture du vasistas de la cuisine et qui me parvient par la porte ouverte entre la cuisine et mon bureau à ma gauche. Cette masse stable est envahissante sur le plan spectral car proche du bruit filtré, et elle se présente lorsque je ferme les yeux comme une masse spatiale aux contours flous mais au site nettement localisable "à 10 heures" sur le plan azimuthal, à peu près à la même hauteur que moi. Je suis bien incapable de la situer mentalement à une quelconque distance, mais une chose est sûre : elle n'est pas située dans la cuisine. Sa sonorité très brouillée, feutrée me la fait placer dans un vaste espace, signature connue dans ma mémoire "d'une certaine distance". L'aire de cette masse finalement assez étroite est contradictoire avec l'image de causalité associée à l'empreinte spatiale.

De temps à autres, des phénomènes ponctuels se superposent à cette masse sur le plan spectral, et en sont plus ou moins détachés sur le plan spatial :
- des sons très brefs, de masse spectrale très fine et aigue, d'intensité très faible, qui n'apparaissent qu'assez rarement (quelques mésanges) ;
- des morphologies curieuses, presque mélodiques mais pas vraiment mélodieuses (des oies !) ;
- quelques apparitions en fondus, étroites et graves, presque toniques, aux profils mélodiques assez simples (des autos qui passent sur la route au loin).
Le caractère lointain de ces trois types d'évènements ne fait pas de doute : les indices principaux en sont la faible intensité et un certain halo qui les entoure, signature mémorisée de la diffusion du son dans un espace acoustique assez vaste.

En ce qui concerne leur positionnement sur mon écran sphérique mental, les pointillés sonores produits par les mésanges se placent apparement n'importe où, comme quelques étoiles filantes qui éclosent dans un ciel nocturne d'août, sans corrélation apparente avec l'endroit où ils sont vraissemblablement produits ni avec l'ouverture du vasistas. Il y a un paradoxe entre le site spectral de chacun qui est très précis et qui me fait représenter ces sons sous la forme de points, et leur site spatial que j'ai beaucoup de mal à localiser si je fais l'effort de me concentrer sur ce critère : dans ma représentation spatiale mentale le critère de masse spectrale est ici largement prédominant sur celui de masse spatiale.

Les cris des oies se placent par contre assez précisément au sein de la masse floue du ruisseau, avec un site à dix heures (alors que je sais pertinemment qu'elles se trouvent à ma droite), comme des pépites de chocolat sur un cookie. Une réverbération importante les entoure les situant dans un lointain hypothétique, comme un lieu dans un lieu.
Les sons filés des autos s'étalent quant à eux mollement devant moi, comme une nappe à l'aire indistincte mais quand même plutôt située "en bas", certainement pour les mêmes raisons psycho-acoustiques qui me fait placer les petits cris de mésanges "en haut" de ma sphère de projection où la correspondance aigu/haut et grave/bas semble prédominer sur ce qui serait une "juste" projection mentale de l'espace perçu.

À ces objets lointains, se superposent quelques objet au contraire très proches, notamment les petits évènements causés par les touches de mon ordinateur portable. Dans ce crépitement irrégulier qui se place sous mon nez, je peux sans peine déceler des différences de site de l'odre de quelques degrés sur le plan horizontal (lorsque je ferme les yeux pour les situer je me retrouve évidemment avec quelques lignes que je dois ensuite effacer...). De même pour les quelques clics de ma souris, encore plus précis où je peux même apprécier la légère différence de position du site dans le plan vertical (elle est situé un peu plus bas que le clavier). Si je tape vite (n'importe quoi !), l'ensemble des petits évènements générés par le clavier devient un phénomène global itératif qui se projète sous la forme d'un nuage de points à l'aire concentrée mais où les micro évènements qui constituent son organisation son bien perceptibles.

Le dernier objet qui s'inscrit dans ma sphère auditive est assez rare car son origine est constituée par les grincements du dossier de ma chaise de bureau. Comme je suis assez concentré à tapper ce texte je bouge assez peu, d'où la rareté des grincements. Mais bon, pour le bien de l'expérience et de mon dos je remue un peu de temps en temps, ce qui fait apparaître des petites virgules sonores aux itérations serrées, extrêment précises dans leur contour comme dans leur position spatiale : un site quelque part juste en-dessous de moi, très proche, à l'aire très étroites.

Que retirer de cette tentative de description des images mentales spatiales "naturelles" ?
À poursuivre...
 

 

 

 Des espaces
 autonomes ?

La relative indépendance entre le nombre et la position des enceintes et les masses spatiales perçues en Wave Field Synthesis ou encore la possibilité d'effectuer le rendu d'un espace fixé par des dispositifs comportant un nombre de canaux différents en Ambisonic laisse penser qu'il est possible de réaliser des "espaces autonomes" qui puissent être conçus indépendants de la disposition des projecteurs sonores.

Ceci représente pour beaucoup le saint Graal de la spatialisation puisqu'il permettrait de s'affranchir de la contrainte que semble présenter la multitude des dispositions de projecteurs possible, et peut être surtout rendrait enfin l'espace librement quantifiable...

Cependant, lorsqu'on lit la littérature consacrée à ce sujet (par exemple ceci et celà sur le site de Jérôme Daniel) il n'y est jamais question d'objets sonores mais de sources sonores. La distinction est d'importance, car cette conception est effectivement prévue pour fonctionner avec des sources ponctuelles telles que l'on peut les avoir avec des instruments de musique, ou des champs diffus telles les "ambiances" acoustiques capturées lors de prises de sons microphoniques ou synthétisées.
Lorsque l'on travaille avec des objets aux masses spatiales variées et souvent complexes et mobiles (densité, organisation, variations...), avec des dispositifs tant soient peu développés dans les trois dimensions, les choses sont loin d'être aussi simples.

Mais dans de nombreuses circonstances - jeux vidéo, surround domestique ou cinéma, installations immersives, concerts de musiques "mixtes" - lorsque l'espace composé est considéré comme une sphère centrée sur l'auditeur, cette approche est effectivement cohérente.

 

 

 Un critère de
 masse-empreinte
 ???

Dans tous ces cas, écoute "naturelle" (sans haut-parleurs), projection simulées et descriptions spatiales paramétrables, la distinction entre masses spatiales et empreintes spatiales peut éventuellement être remplacée par un critère unique de "masse-empreinte".

Sur le plan pratique et compositionnel, je ne suis par contre pas sûr que cette apparente "réunification" de la masse et de l'empreinte soit très bénéfique. Elle risque en effet de rendre l'utilisation des images d'espaces problématique, car celles-ci interfèrent fortement avec les calculs opérés sur le signal en WFS.

À développer...