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Les Quatre Espaces

les instruments Espace Intrinsèque et Espace Extrinsèque 

Terminologie | Cas particuliers | Termes voisins

Plusieurs auteurs (Patrick Ascione, Michel Chion, Denis Smalley... voir la bibliographie) ont mis en évidence depuis longtemps les deux pôles qui constituent les "espaces de la projection" : en gros, d'une part celui qui est constitué par ce que le compositeur détermine et réalise lors de son travaille en studio, et d'autre part ce qui lui échappe et qui transforme son œuvre de manière minime ou importante lors de son écoute ultérieure, lorsqu'elle se fait dans d'autres conditions

 Terminologie

Je propose de nommer Espace Extrinsèque la partie de l'espace entendu qui varie d'une présentation à une autre d'une manière significative, et Espace Intrinsèque celle qui est permanente, reproductible à l'intérieur de la marge définie par l'auteur (voir la fixation), et que l'on peut assimiler à l'œuvre composée  (voir ci-dessous les termes voisins d'espace externe et d'espace interne).


fig. 1 : on propose à l'auditeur un "espace composé" plus ou moins adapté aux conditions matérielles et acoustiques
(écoute domestique radio, CD, DVD, installations, projection publique n-phonique directe)

L'Espace Intrinsèque, c'est donc l'espace qui est voulu, déterminé, composé par l'acousmate et fixé sur un support sous la forme d'une bande, d'un DVD, de fichiers sur un disque dur, d'un programme informatique etc.
Pour pouvoir être reproductible, celui ci doit également intégrer la configuration du dispositif de projection (voir la fixation) d'une manière implicite (formats domestiques) ou explicite (tout les autres cas ! voir la section sur les dispositifs) ainsi bien sûr que la technique de projection utilisée.
On peut parler dans ce cas d'un espace composé-projeté, puisqu'il n'y a pas de dissociation signifiante entre les deux.
L'ensemble du site porte sur les possibilités compositionnelles permises à l'intérieur de cet espace intrinsèque.

L'Espace Extrinsèque, se définit alors par la différence entre l'espace intrinsèque et ce que perçoit l'auditeur (l'espace entendu).
Dans le cas d'un espace composé-projeté, celui-ci est généralement limité aux particularités acoustiques du lieu et aux caractéristiques précises des projecteurs sonores (œuvres multiphoniques, installations, supports domestiques). Il peut même, dans certains cas, être totalement absent si l'œuvre est réalisée exclusivement pour un dispositif et un lieu particuliers (voir la fixation). On pourrait parler dans ce cas précis de composition de l'espace "intégrale".
Par contre, si le dispositif de projection est différent de celui de la composition, si de nouvelles informations spatiales sont apportées par un tiers (interprète), ou si le type même de diffusion de l'œuvre suppose une utilisation "libre" du support (supports domestiques), la part de l'espace extrinsèque peut aller jusqu'à dépasser ou occulter la part de l'espace intrinsèque.  

 

 

 Cas particuliers

Dans le cas particulier de la modification active du rendu de supports pocophoniques en concert sur acousmoniums ou, plus généralement, de la "spatialisation" de musiques instrumentales ou "mixtes", le place et le rôle du dispositif de projection peut basculer du côté de l'espace extrinsèque :


fig. 2 : on propose à l'auditeur la combinaison d'un "espace composé" et d'un "espace interprété" intégrant les conditions matérielles et acoustiques (concerts lorsque le format de la projection est différent de celui de la composition)

Par rapport à la figure 1 précédente, on voit qu'une grande partie de l'information spatiale perçue par l'auditeur est déplacée de l'espace composé vers l'espace interprété, notamment à cause de la dissociation des masses spatiales entre l'espace initial (celui qui est composé/fixé sur le support) et l'espace projeté (celui qui est ajouté pendant la lecture).
En fonction de l'écart qui existe entre le nombre de canaux du support (stéréo, tétra, penta, octo...) et celui du dispositif de projection, et bien sûr des choix qui sont faits au moment de la diffusion (implantation particulière dans le lieu, partis-pris artistiques de l'interprète), le rapport entre les deux niveaux de masses spatiales peut changer dans des proportions extrêmement importantes.

La cas des projections simulées, principalement celui de la Wave Field Synthesis est ici plus ambigü, puisqu'il n'y a pas de différence entre le dispositif technique utilisé lors de la composition et de la projection publique, que les calculs doivent être effectués sur le signal à chaque fois, la distinction entre un espace qui serait composé et un espace qui serait réalisé lors de la projection n'est ici pas pertinente.

Note : à moins que le compositeur ne pense dès le départ ce qu'il fixe sur le support comme devant nécessairement faire l'objet d'une projection interprétée, et qu'il fournisse donc une partition détaillée des actions à effectuer par rapport à un dispositif de projection particulier, on peut dire que la composition acousmatique s'effectue toujours selon le schéma général de la figure 1. Le cas particulier de la projection interprétée constituant une étape externe à la composition, il n'offre pas d'intérêt dans le cadre de ce site, en dehors de certaines sections d'ordre général (techniques de projection, formules de présentation, historique).

 

 

 Termes voisins

Les termes d'espace interne et d'espace externe introduits par Patrick Ascione, que Michel Chion a développés dans plusieurs textes (dans le n°1 de L'Espace du Son ainsi que dans le chapitre "Les deux espaces" dans "L'art des sons fixés"), et qui sont proches de ceux proposés par Denis Smalley ("composed space" et "listening space"), sont maintenant assez répandus dans le milieu électro-acoustique.
J'aurais d'ailleurs préféré les utiliser moi même plutôt que de devoir encore ajouter des nouveaux néologismes à la liste déjà longue de ceux proposés dans ces pages...
Il y a quelques années, j'avais bien tenté de généraliser l'usage des termes "espace interne / externe", pour les appliquer à la composition acousmatique dans son ensemble, mais cela constituait alors soit une distorsion du sens que Chion avait donné à ces termes, soit présentait le risque qu'ils soient mal compris.

Car ce qui manque aux définitions proposées par ces auteurs pour qu'elles soient généralisables, c'est de prendre en compte le rôle du haut-parleur dans la composition et d'observer comment il peut changer de statut selon le mode projection.

Je prendrai comme exemple un passage de L'art des sons fixés de Michel Chion, page 50 (c'est moi qui ajoute les annotations entre crochets) :
« Pour une pièce de musique de sons fixés, il existe deux niveaux d'espace - l'espace interne à l'œuvre elle-même, fixé sur le support d'enregistrement (et caractérisé par des traits tels que les plans de présence des différents sons
[les empreintes spatiales], la répartition fixe ou variable des éléments sur les différentes pistes [les masses spatiales], les degrés et qualités diverses de la réverbération autour de ceux-ci, allant jusqu'à son absence totale [les empreintes spatiales également], etc.), et d'autre part, l'espace externe, lié aux conditions d'écoute à chaque fois particulières de l'œuvre [lorsque le format de réalisation est différent de celui de la projection] : profil acoustique du lieu d'écoute ; nombre, nature et disposition des haut-parleurs [le dispositif de projection] ; utilisation ou non de filtres en cours de concert ; intervention à la régie du son d'un interprète humain ou d'un système automatique de diffusion [il s'agit donc ici de projection interprétée] etc. Comme on l'a vu, le propre de la musique des sons fixés est justement d'offrir au compositeur, par l'enregistrement, la disposition et la maîtrise d'un espace interne à l'œuvre. »

Cette définition ressemble beaucoup à celle des espaces intrinsèque et extrinsèque présentée sur cette page, mais l'amalgame qui est fait entre ce qui est réalisé en studio, le choix du dispositif de projection, les conditions de projection, la possibilité de modifier la projection en cours, ainsi que l'oubli ou l'ignorance des autres rapports qui existent entre ce qui est fixé et ce qui est finalement entendu, font qu'elle ne peut s'appliquer qu'au cas particulier de la projection interprétée en concert.