|
|
|
|
|
|
|
Rituel et rassemblement | Configurations | Rôles de l'interprète
Cette formule apparue en europe au XVIIIème siècle semble être
pour
beaucoup de compositeurs la seule manière de donner à écouter de la musique
en publique.
Il faut reconnaître qu'elle évite de se poser un bon nombre de questions
concernant la place du son et de l'écoute dans nos sociétés, et que la technique
de projection interprétée permet d'éviter également de composer des œuvres
spécifiques pour cette circonstance...
Dispositif
de concert
du GRM à la salle Olivier Messiaen de Radio-France.
|
J'en rappelle ses caractéristiques conventionnelles, peu modifiées depuis son
apparition en Europe au XVIII° siècle, proches de celles de la représentation théâtrale : La formule peut donner lieu à des variantes importantes et
intéressantes, comme celles qu'a proposées Pierre Henry de nombreuses fois,
et notamment
la série de concerts à son domicile. |
|
|
|
|
|
L'adaptation de cette formule en acousmatique a toujours donné lieu à hésitations, contradictions et débats passionnés, avec souvent l'opposition entre partisants du " tout-concert" et du "tout autre chose". Le malaise qui perdure provient selon moi tout
simplement du fait
de considérer le concert comme l'unique formule de présentation publique
possible. La projection d'œuvres multiphoniques dans lesquelles
l'espace projeté est entièrement composé rend caduque la nécessité
et l'intérêt d'une quelconque adaptation dynamique de l'œuvre durant la projection
(voir ci-dessous). |
|
|
||
|
Le lieu du concert reste très majoritairement la salle
de spectacle comportant un espace de représentation
frontal - une scène - occupant une place plus ou moins importante
dans le lieu. S'il existe bien-sûr des exceptions notables, c'est
du moins ce que l'on peut constater généralement en France. Une autre option, plus répandue outre atlantique,
mais aussi, ce qui peut paraître paradoxal, en musique instrumentale,
consiste à entourer le public d'un cercle de projection. |
|
|
|
Au cœur de la formule-concert, et
finalement sa seule justification comparée à la formule-séance,
il y a l'interprète. Petite parenthèse amusante : si on reprend l'image de Pythagore enseignant à ses disciples derrière un rideau pour qu'ils entendent sa voix directement, sans que sa parole ne puisse être "déformée" par la vision (la situation acousmatique), alors la projection interprétée utilisée lors des concerts acousmatiques consiste à ajouter un traducteur qui interprète le discours original pour le transmettre aux disciples et qui, lui, est du même côté du rideau qu'eux. La situation acousmatique (et l'art acousmatique ?) en prend un bon coup dans l'aile. Je propose pour aider à cerner cette question de passer en revue quelques pistes connues et déjà largement débattues. |
|
Faire lien entre l'œuvre et le public |
||
|
Dans le texte de Pierre Schaeffer (), on voit que la question de l'interprétation était au centre des préoccupation des premiers concerts de musique concrète, ce qui était à la fois bien légitime par rapport à la nouveauté de la situation, et déjà révélateur de l'ambiguité de la démarche acousmatique (concrète), partagée entre la composition "pure" de l'environnement du studio, et l'envie de la faire partager dans une présentation publique. Également certainement l'envie de se confronter à un espace plus "spectaculaire"... Le modèle choisi aurait fort bien pu être la séance cinématographique MAIS il était de toute façon techniquement impossible à ce moment là de proposer une projection directe et tout autant de réaliser des espaces multiphoniques... Il a été décidé de jouer le jeu de la formule-concert, et d'assumer le paradoxe du support en mettant en scène un interprète. C'est ce qu'explique Annette Vande Gorne : «
Cependant, nous continuons de penser, et d'expérimenter en concert,
que la présence physique et agissante d'un interprète sert de catalyseur
de l'écoute, de référence rassurante pour un évènement qui est vécu
hinc et nunc par un public dont l'attention reste en éveil. Son
attitude physique supporte cette attention... Enfin, un concert
est un moment magique, un rituel rassembleur qui, comme tout rituel,
appelle la présence d'un officiant. » François Bayle évoque un manque analogue du son projeté en
public, où l'interprète doit apporter au son fixé un surcroit de
vie pour happer l'attention des auditeurs : «Pour
qu'un concert acousmatique ne se réduise pas à l'audition passive
et monotone d'une pellicule qui se dévide en coulisse sur un appareil
lecteur, mais provoque au contraire une écoute riche en impressions
variées, en contrastes de dimensions et de mouvements, d'ombres
et de couleurs sonores, il faut tout à la fois :
Personnellement je ne suis absolument pas d'accord avec ce point
de vue. |
|
|
||
Adapter l'échelle des intensités aux conditions de diffusion |
||
|
Une des raisons techniques
de l'action en direct durant la lecture du support a longtemps été
l'adaptation de la dynamique inscrite sur ce support à celle de
la salle de concert. Utilisation voisine : la calibration globale
de l'intensité selon la présence ou non du public (différence d'acoustique
entre la "répétition" et le concert). Toujours chez Annette Vande Gorne : « De plus,
un interprète adapte l'amplitude générale à l'acoustique du lieu
modifiée par la présence absorbante des corps humains,... » |
|
Étendre l'espace fixé d'une œuvre sur un espace de projection plus important |
||
|
C'est le cas de figure standard pour les compositions stéréophoniques, mais il se présente également assez souvent dans le cas de réalisations multipistes (voir les fiches compositeurs) lorsque le nombre de canaux est faible (cinq ou huit canaux par exemple) par rapport à ce que propose l'acousmonium. [Au passage, passer de l'espace stéréophonique du studio à un espace stéréophonique publique par le biais d'un simple changement d'échelle en projection directe n'est peut-être pas impossible. Cela aurait pour avantage de conserver en grande partie les espaces que le compositeur a patiemment (ou rapidement, qu'importe) créés et fixés sur son support, comme les images sur la pellicule le sont lorsqu'elle est projetée sur un grand écran. Malheureusement, les techniques complexes et les moyens financiers que cela mettrait en jeu sortent du cadre de compétence des acousmates...] On en reste donc à la technique utilisée depuis plus de cinquante ans qui consiste à multiplier le signal sur n paires d'enceintes et à en contrôler l'intensité, soit en temps réel pendant la projection (manuellement ou avec assistance informatique) ou en enregistrant les variations au préalable (automatisation). Contingence ou volonté
? Selon Horaccio Vaggione (L'espace du Son II) : « ... il est nécessaire d'assurer la coïncidence des deux espaces [interne et externe] par un acte supplémentaire de mise en forme de l'œuvre dans l'espace réel : c'est la fonction de la diffusion électroacoustique... Il serait donc vain de chercher la raison d'être de cet instrument de diffusion dans le fait de l'absence d'un côté visuel qu'il faudrait pallier à tout prix par la multiplication spectaculaire de haut-parleurs. Il s'agit bien d'une nécessité structurelle de disposer d'un moyen de re-créer l'espace interne de l'œuvre.» Mais attention : plus le nombre de canaux est élevé et plus
il est difficile
d'en modifier l'équilibre ! Ou dit autrement, plus la différence
entre le nombre de pistes du support et le nombre de voies de diffusion est
importante,
plus
on a la possibilité d'en faire quelque chose d'intéressant... Ceci a conduit certains acousmates (Laubeuf, Dufour...) à fixer quelques pistes (4 par exemple) et à en interpréter d'autres (deux), ce qui permet de bénéficier partiellement de certains apports de la composition multiphonique tout en conservant une adaptabilité raisonnable à l'acousmonium. |
|
|
|
Modifier l'œuvre selon une vision personnelle |
|
|
Contrairement au schéma de la
musique instrumentale transmise au moyen d'une notation, qui n'existe
qu'à partir du moment ou un interprète réalise les sons, en acousma
l'œuvre existe sous une forme finie, le support, dont il est possible
d'obtenir une matérialisation sonore en disposant et câblant correctement
les enceintes et en pressant sur un bouton "lecture" (c'est
un peu court mais l'essentiel est décrit...). Qui a déjà entendu
une même œuvre projetée lors de différents concerts a peut-être
pu remarquer l'importance des différences dans ce qui était réellement donné à entendre. Un interprète professionnel serait à même d'apporter
au public une certaine vision d'une œuvre. |
|
|
Apporter de la "respectabilité" à l'acousma |
|
|
Il ne s'agit pas complètement d'une boutade... Pourquoi donc ? |